Quelques photos impressionnantes issues d'une
étude à propos de la structure détaillée de l'aiguillon chez les Euscorpius sp (2013), prises au Microscope Électronique à Balayage (MEB, cf note en fin de message):
Traduction de la légende:
Figures 1-3
1. Vue latérale du dernier segment de la queue (telson) de E. flavicaudis montrant une base bulbeuse proximalement et l'aiguillon courbe distalement. Le venin sort près de la pointe de l'aiguillon (flèche). Plusieurs poils sensoriels couvrent la vésicule, mais sont absent sur l'aiguillon lisse.
2. La pointe de l'aiguillon latéralement (E flavicaudis), montrant une ouverture à venin sub-terminale (flèche). Une ouverture correspondante est visible de l'autre côté.
3. Une vue dorsale de la pointe de l'aiguillon (E. flavicaudis) montre deux ouvertures à venin allongées côte à côte (flèches). Remarquez plusieurs petites
fossettes, contenant des poils sensoriels très courts. On voit nettement les deux ouvertures à venin sous la pointe de l'aiguillon, qui sont reliées à chacune des deux glandes à venin logées dans la vésicule.
Sur les photos 2 et 3, on voit aussi ces petits "trous" sur l'aiguillon, abritant un poil très court.
Selon l'étude, la présence de ces micro poils sensoriels sur la pointe même de l'aiguillon laisse à penser que l'aiguillon n'est pas seulement un simple dispositif d'injection (comme une bête seringue médicale !), mais qu'il intègre aussi des capteurs avec une capacité sensorielle mécanique et chimique !
Ce qui voudrait dire, selon les auteurs de l'étude, que le scorpion aurait la capacité de contrôler très finement le processus d'injection du venin, en recevant des informations même durant l'injection, comme par exemple la profondeur de pénétration dans le corps de la proie (ou de l'ennemi !), ou même des informations sur la composition chimique du corps pénétré...
Une autre photo:
Pfffiou ! La classe ! C'est vraiment du bon "matos", très sophistiqué, pour un animal de 430 millions d'années...
Une
autre étude de 2013 montre aussi une photo prise au MEB d'un aiguillon avec les ouvertures à venin chez
Androctonus amoreuxi (mais à grossissement x200 seulement, échelle 200µm, donc on ne voit pas les micro-poils sensoriels sur l'aiguillon):
Perso, je trouve cela vraiment extra-ordinaire !
Encore un exemple de la perfection de cet animal, et de la nature en général.
Bravo aux scientifiques qui ont réussi à prendre de tels clichés (et ce n'est pas facile !).
Note: Microscopie électronique à balayage (MEB ou SEM pour Scanning Electron Microscopy en anglais):
Les microscopes électroniques n'utilisent pas un système optique comme sur un microscope classique avec des lentilles grossissantes (pour voir les photons), mais un système de bombardement d'électrons pour reproduire une image.
Ces photos prises au MEB ne sont pas si faciles à réaliser...
Elles exigent plusieurs phases très spécifiques et délicates de préparation des échantillons (spécimens), comme le nettoyage (mécanique et chimique), la déshydratation, et le revêtement d'une couche conductrice.
Une fois nettoyé, séché, rendu conducteur, l’échantillon est prêt à être monté sur le porte-objet est placé dans la chambre d’observation.
Parfois, une très fine couche d'or est utilisée comme conducteur pour recouvrir l'échantillon, comme sur cette araignée, préparée pour passer au microscope électronique: